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Pour beaucoup de dévs les entretiens RH sont en quelque sorte un purgatoire, ou du moins une perte de temps. Ils savent pertinemment qu’ils ne vont strictement rien en retirer, et qu’il faudra apprendre les réponses à quelques questions bateau pour que ça passe…

Les recruteurs, des êtres éloignés

Dans de nombreuses entreprises, en particulier les plus grosses, les RH sont décomposées en deux groupes :
–  Les RH qui s’occupent de tout ce qui concerne le suivi du collaborateur, voire même la gestion de carrière pour les rares boîtes où cette notion existe encore.
– Les recruteurs.

Il se trouve que dans la majorité des cas un développeur ne verra le recruteur que le jour de l’entretien, et ne le côtoiera plus jamais par la suite, ni de près, ni de loin. Il faut mettre ça en contraste avec les autres interlocuteurs rencontrés, qui seront eux les vrais collègues de travail du développeur qu’en tant que recruteur vous interrogez. Vous êtes en quelque sorte donc un extraterrestre.

Un processus répétitititititititif

D’une entreprise à l’autre les entretiens techniques vont changer. Le candidat va discuter de différents domaines en fonction du domaine d’activité de l’entreprise. Rien de tout ça avec l’entretien RH qui se résume en quelque sorte à :

    1. Dites-moi ce que vous savez de l’entreprise, et j’embraye.
    2. Présentez votre parcours (et hop on récite le CV )
    3. Quelques questions, toujours les mêmes, du type « donnez-moi trois de vos qualités et trois de vos défauts ». Bref il suffit d’apprendre par coeur quelques réponses et c’est plié.
    4. Si les réponses conviennent, le recruteur se met à vendre son entreprise comme quoi c’est le paradis sur Terre.

Quelle que soit l’entreprise, ce processus est totalement immuable, hélas. Bref quand vous avez fait cinq entretiens dans votre carrière, que vous savez comment les choses se passent, vous savez que vous allez perdre votre temps.

Un interlocuteur inapte

Le métier de développeur est technique, très technique. Et en fait beaucoup de recruteurs ne savent absolument pas de quoi ils parlent quand ils interrogent un développeur. Ils connaissent les mots clef, mais absolument pas les notions qu’il y a derrière. Or ce qui intéresse un développeur est de connaître le contexte technique du poste ainsi que ses collègues. Un recruteur RH ne peut répondre ni à l’une ni à l’autre de ces questions.

Dans le meilleur des cas le recruteur saura caser quelques buzzwords sans savoir de quoi il parle. Si le développeur veut savoir par exemple quelle version de Spring ou de Symfony est utilisée, il ne pourra pas obtenir de réponse. Et c’est normal. Recruteur et développeur sont deux métiers totalement différents, et c’est très bien ainsi. Le tout est de ne pas essayer de mettre des carrés dans des ronds.

Or c’est précisément ce qui se passe dans un entretien RH. Un développeur attend d’être évalué sur ses compétences techniques lors d’un entretien, et pas sur du blabla. Si lors de l’entretien cette évaluation n’intervient pas alors quelque part votre interlocuteur a juste perdu son temps.

Les voies possibles

Étant donné que vous ne reverrez probablement jamais par la suite le développeur que vous contactez, on peut se poser tout simplement la question de recevoir la personne… ou pas. D’un autre côté en tant que recruteur vous souhaitez être en contact avec chacun des candidats pour avoir une approche un peu plus « humaine », mais ceci peut en faire fuir certains.

Certaines entreprises ont donc décidé de remplacer l’entretien RH par un entretien téléphonique. Il dure une quinzaine de minutes, ce qui vous permet déjà de vous faire une idée sur votre interlocuteur, et est suivi d’un test technique à faire à domicile. Il s’agit clairement d’un compromis mais qui finalement réunit le meilleur des deux mondes :

      • D’un côté vous aurez eu un contact avec le candidat.
      • De l’autre ce dernier aura pu avoir un test technique pour avoir le sentiment d’être jugé sur ces compétences.

Dans certains cas le test technique est un « examen de programmation », et c’est probablement là une très bonne idée. En effet à l’entretien suivant, physique cette fois, le candidat pourra discuter avec un collaborateur technique de l’entreprise de sa solution, et des alternatives possibles pour résoudre le problème. Et il sera largement temps à ce moment-là pour le candidat de poser toutes les questions sur le contexte technique et les conditions de travail, ce à quoi un RH ne peut pas répondre.

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Julien
Moi c’est Julien, ingénieur en informatique avec quelques années d’expérience. Je suis tombé dans la marmite étant petit, mon père avait acheté un Apple – avant même ma naissance (oui ça date !). Et maintenant je me passionne essentiellement pour tout ce qui est du monde Java et du système, les OS open source en particulier.

Au quotidien, je suis devops, bref je fais du dév, je discute avec les opérationnels, et je fais du conseil auprès des clients.

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Rejoignez la discussion 5 Commentaires

  • Easy Partner dit :

    Bonjour,

    Article très intéressant qui décrit parfaitement la distance entre les développeurs et personnes chargées du recrutement. Toutefois, concilier les deux n’est pas du tout impossible !

    Pour preuve, chez Easy Partner, on a des anciens développeurs comme Pierre Wandel qui recrutent :
    http://www.easypartner.fr/blog_pierre-wandel,-expert-e-commerce-easy-partner_59_1

    Tout de suite, quand on parle le même langage entre développeurs, le recrutement se passe quand même beaucoup mieux 😉

  • Vianns dit :

    Article très (trop) catégorique, insultant… bref, une belle méconnaissance du métier du recrutement.
    En effet, beaucoup d’entreprises ont des processus de recrutement « industrialisés », mais pas toutes. Bref, façon un peu basse et facile de vendre Jobprod.

  • gojul dit :

    Bonjour Vianns,

    L’article vise en effet bien les entreprises au processus de recrutement « industrialisés ». Toutes ne sont pas comme ça fort heureusement, mais elles sont bien trop nombreuses… hélas.

    Cependant et de manière générale on ne peut que constater que de nombreux recruteurs ne connaissent strictement rien à l’IT, ce qui est normal vu que ce n’est pas leur métier. Là où ça devient un problème est que beaucoup se limitent alors à faire grep sur les CV et donc pour ce genre de personne « anglais », « english » et « langue de Shakespeare » sont trois choses différentes. Et ce sont ces mêmes recruteurs qui ensuite ne comprennent pas qu’un développeur est capable d’apprendre… Et oui ceux-ci sont un véritable fléau dans notre métier, et une vraie perte de temps pour tout dév’ qui se respecte.

  • Bonjour Julien,

    Intéressant d’avoir ce point de vue, je vous en remercie.

    Néanmoins, je regrette son côté trop manichéen. Là où je ne vous rejoins pas, c’est dans l’idée que vous avez qu’un entretien doit uniquement reposer sur des compétences techniques. Cela est sûrement vrai si l’on doit recruter un freelance ou pour une durée très courte par exemple.

    Vous le savez sûrement bien plus que moi, les compétences techniques et encore plus dans l’IT, évoluent extrêmement vite. Il n’est donc pas très pertinent de mon point de vue, de chercher uniquement à tester si un candidat maîtrise une techno à un temps T.

    Le rôle du recruteur est intéressant dans le sens où il va s’intéresser à l’individu qu’il a devant lui. Son but doit être de détecter un potentiel à apprendre, à s’adapter rapidement aux changements, mais aussi un leadership, des valeurs, un niveau d’engagement potentiel etc.Tout un tas d’éléments qui font que cet individu va « coller » avec la philosophie de la société qu’il va rejoindre. Et celà aucun test technique ne pourra jamais l’évaluer !

    Aminata.

  • marc dit :

    Bravo pour votre article. Je suis informaticien avec 20 ans d’experience (developpement C/C++ ensuite admin Unix et DBA)
    j’ai vu des informaticiens seniors recrutés par une blondasse de 20 ans fraichement sortie de l’ecole qui pose des questions a la con en premier entreten
    pour moi les recruteurs de cabinet sont des guignols mais j’ai vu la meme chose dans certaines grandes boites
    j’ai crée ma boite et je m’en porte tres bien, et pour tout recrutement je refuse de travailler avec ces cons de cabinets de recrutement

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