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Il existe deux catégories de développeurs : ceux qui font le métier pour manger, et ceux qui font le boulot par passion. Bon en fait vu l’attitude des entreprises de nombreux passionnés finissent par faire le boulot pour manger tout en gardant une flamme pour l’informatique, mais c’est une autre histoire. Enfin bref on va parler ici d’une maladie qui frappe avant tout les plus passionnés, à savoir le burn-out.

Update 2020 : Cet article est importé depuis Jobprod suite à son acquisiton par WeLoveDevs. Il met en avant l’avis de Julien, ingénieur en développement et auteur, qui témoigne de ce que beaucoup de développeurs ont pu vivre comme situations complexes au travail, conduisant au burn-out. Petit tips : la matrice Belbin peut vous aider à conduire de bonnes relations d’équipe avant que ça parte en live. Vous aussi avez connu le burn-out ? Comment en êtes-vous sorti ? Partagez votre expérience en commentaire. Avec toute notre bienveillance, l’équipe WeLoveDevs.

Je ne vais pas m’étendre longtemps sur le burn-out en lui-même, les médias s’en chargent déjà très bien. Mais bon il faut rappeler que cette maladie survient quand vous vous êtes vraiment défoncés pour le boulot, et que finalement votre corps a fini par dire stop. Certains sont contraints de s’arrêter pour six mois, d’autres ne peuvent carrément plus travailler pendant le restant de leur vie.

Les étapes du burn-out

Là encore plein de gens ont déjà évoqué les étapes du burn-out, donc on va aller vite sur le sujet :

  1. Au début le sujet va avoir des performances exceptionnelles…
  2. … jusqu’à donner de trop et avoir de plus en plus de mal à donner ces performances.
  3. Alors pour compenser il va encore travailler plus (mais pas pour gagner plus), mais en arrivant de moins en moins.
  4. Sauf que n’y arrivant que de moins en moins, le sujet va perdre progressivement en estime de soi.
  5. Et à un moment il va se retrouver à court de carburant pour pouvoir continuer.
  6. Et là le corps peut dire stop à tout moment, vous empêchant de vous lever, ou faire des tâches aussi triviales qu’un copier-coller.

Les responsabilités

Contrairement à une idée reçue les responsabilités sont souvent partagées entre l’employeur et le salarié. D’un côté ce dernier n’a pas su se poser de limite, et a continué jour et nuit à travailler ou penser au travail sans savoir dire stop. Dans certains cas il aura mis sa vie privée entre parenthèses pour continuer à travailler.

D’un autre l’employeur n’a pas suivi l’état de la personne et ne lui a pas non plus dit stop à temps. Il faut toutefois noter qu’une entreprise qui connaîtrait de nombreux burn-outs a clairement un problème. Parmi les facteurs récurrents on trouve le management par la pression. Celui-ci peut fonctionner à court terme mais est très néfaste à long terme, pouvant causer les effets suivants :

  • Bon nombre de salariés deviennent totalement apathiques. Pour tenter de compenser la pression augmente, l’apathie aussi, jusqu’au jour où quand un serveur tombe à 18h01 les salariés vous expliquent qu’ils ont fini leur journée et verront ça demain.
  • Certains peuvent arriver au burn-out, ou se plaindront de harcèlement.
  • Et dans ce cas les procès peuvent pleuvoir, certains étant très coûteux en particulier si un burn-out a été la cause d’un suicide au boulot.

Éviter le burn-out

Maintenant, on va en arriver au cœur du sujet, à savoir se protéger du burn-out. La première chose à faire est de vous poser des limites. Premièrement si vous travaillez quinze heures par jour ce sera en fait contre-productif. Vous ferez dans les faits du mauvais travail, par exemple du code complètement buggé, qui sera bon à refaire. D’autre part cela va vous causer une fatigue physique et morale qui va être néfaste à long terme.

Par ailleurs faites du sport de manière régulière, même de la marche à pied. Pendant ce temps vous penserez à autre chose, en regardant le paysage ou autres, et ça vous changera du boulot. D’autre part ça permettra d’évacuer le surplus de pizzas et de Coca. :-p

Enfin et surtout écoutez ce que vous dit votre corps. Si vous sentez que vous êtes fatigué ou que pour aujourd’hui vous ne pouvez pas continuer à travailler, n’insistez pas, n’hésitez pas à rentrer chez vous. Dès lors que vous faites le nombre d’heures de votre contrat de travail il n’y a aucun souci. Et contrairement à ce que prétendent les SSII les développeurs ne sont dans les faits jamais au forfait jour, mais au forfait heures qui ouvre le droit aux heures sup’.

Votre employeur vous demande des heures impossibles

Votre employeur peut dans certains cas vous demander de travailler dix heures par jour, ou encore de venir le week-end. Si c’est une fois en passant il n’y a pas de problème, mais maintenant ça ne doit pas devenir une habitude. Autrement dit bosser dix heures par jour trois jours de suite, ça va, maintenant deux semaines c’est non ! De même venir un week-end au boulot ça va à condition d’être payé, soyez intraitables là-dessus mais pas plus. Ce genre de chose arrive particulièrement avec les prestas de SSII, à qui on demande de venir pendant que les internes restent tranquillement chez eux. On trouve aussi cette situation quand la politique de l’entreprise est le management par la pression.

Bref si cela vous arrive n’hésitez pas à répondre à votre employeur que s’il a mal planifié son projet ce n’est pas à vous d’assumer mais à lui. Et s’il vous répond qu’on est tous dans le même bateau n’hésitez pas à lui répondre que c’est vrai mais c’est lui le capitaine et qu’il doit assumer ses erreurs plutôt que les reporter sur vous.

Vous me direz qu’il peut vous mettre au placard pour ça. C’est vrai mais dans ce cas ça signifie qu’il ne vaut mieux de toute façon pas rester avec un tel employeur et qu’il est grand temps d’en changer. Alors certes 10% des informaticiens sont au chômage, il convient de le rappeler, mais si vous êtes dans un domaine où il y a de la demande comme le Java voire le Cobol et que vous êtes en région parisienne (désolé pour les provinciaux là c’est plus dur) vous n’aurez aucun problème à trouver un nouveau job.

Quoi qu’il en soit si vous êtes dans une telle situation prenez l’habitude de tout noter, en particulier vos heures d’arrivée et de départ. Ça peut jouer en votre faveur aux prud’hommes…

Limiter ses heures, c’est gagner en efficacité !

Ce point peut paraître paradoxal, mais combien de fois avez-vous trouvé la solution à un problème ou identifié un bug sur votre code une fois quitté le boulot, ou encore sous la douche ? Pour être tout à fait honnête ça m’arrive souvent.

Bref à trop être dans votre code vous finirez par ne plus voir la solution à certains problèmes ou tout simplement des bugs que vous causez. La solution à ça consiste à prendre des pauses pour vous éloigner un peu de votre poste, et de limiter vos heures.

Les pauses, qui ne devraient pas excéder les dix minutes en temps normal, vous permettront de vous ressourcer. Et pour les horaires on a déjà vu.

Là encore si votre employeur y trouve quelque chose à redire alors que vous n’abusez pas c’est qu’il est grand temps d’en changer.

Le burn-out est arrivé…

Alors voilà, malgré tout, le burn-out est arrivé. Bien souvent vous ne le verrez pas venir, ça peut être très violent comme par exemple ne plus être capable de se lever pour aller au travail. Vous pouvez aussi vous en rendre compte plus tôt car vous êtes de moins en moins performant.

La première chose à faire dans ce cas est de consulter un médecin, ou un psychiatre. Il n’y a aucun mal à voir ces derniers, après tout il convient de rappeler que la dépression est la deuxième cause d’invalidité dans le monde et pourrait devenir la première d’ici 2020.

Si le médecin ne vous trouve rien alors que vous sentez que vous allez mal, n’hésitez pas à frapper à une autre porte. Quoi qu’il en soit en cas de burn-out il vous faudra un arrêt d’au moins une quinzaine de jours durant lequel vous ne devez plus avoir de contact avec votre travail.

À votre retour, il faudra faire le point avec votre employeur et avoir un rythme adapté avec probablement un temps partiel thérapeutique. Soit celui-ci est compréhensif et vous offrira ce rythme, soit il voudra que vous repreniez comme avant. Dans ce dernier cas allez-y mollo et parlez-en à votre médecin ou à la médecine du travail qui peut faire intervenir le CHSCT. Et changez dès que vous avez repris des forces, après avis de votre médecin. N’oubliez pas, dans le monde du travail la notion d’humanité est pratiquement inexistante, ce qui compte c’est l’argent et rien d’autre, business is business.

En bref…

Le burn-out n’est pas le seul fait des méchants patrons mais a souvent des causes partagées. Quoi qu’il en soit les entreprises dans lesquelles ils se produisent souvent ont clairement de très gros problèmes organisationnels.

De votre côté protégez-vous en préservant votre vie privée. Et n’oubliez pas : le travail ne dure qu’un temps, alors que la famille et les amis sont pour la vie. Alors vous préférez choisir lequel des deux ?

P.S : vous remarquerez que je n’ai aucun problème à écrire des majuscules accentuées, comme quoi n’en déplaise à notre Ministre de la Culture Fleur Pellerin le problème n’est pas le clavier azerty mais Microsoft Windows. Là j’écris depuis un Mac mais depuis mon PC sous Linux c’est la même. Il suffit d’appuyer sur Caps Lock et ensuite vous avez accès aux majuscules accentuées sous les chiffres.

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Julien
Moi c’est Julien, ingénieur en informatique avec quelques années d’expérience. Je suis tombé dans la marmite étant petit, mon père avait acheté un Apple – avant même ma naissance (oui ça date !). Et maintenant je me passionne essentiellement pour tout ce qui est du monde Java et du système, les OS open source en particulier.

Au quotidien, je suis devops, bref je fais du dév, je discute avec les opérationnels, et je fais du conseil auprès des clients.

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Rejoignez la discussion 2 Commentaires

  • J’ai eu fait un burnout dans le seul boulot où je ne faisait pas d’informatique. Responsable d’un drive a été
    un accident de parcours. J’ai dépassé les 80 heures par semaine, jusqu’à 170 heures supplémentaires
    dans un mois… Bien qu’il y avait une récompense financière à la fin de l’année, il fallait attendre une
    année pour pouvoir bénéficier de cette gratification. Gratification qui ne compensait JAMAIS toutes ces
    heures où je me suis donné à fond.
    Personne ne faisait autant d’heure que moi dans le magasin, mais à trop vouloir en faire, je me suis
    épuisé et ai bousillé ma vie privée. J’ai fini par démissionner et n’ai retrouvé un travail que trois mois
    après. Je serai prêt à redonner de ma personne, mais plus avec 80 heures par semaine…

  • gojul dit :

    Bonjour Peter,

    Votre parcours ne m’étonne hélas guère. Avez-vous consulté au moins ? C’est indispensable si vous dites vous-même être épuisé.

    Quoiqu’il en soit même travailler 80 heures par semaine n’est pas raisonnable. La limite légale en europe est de 48 heures par semaine, ce n’est pas sans raison… 80 heures par semaine avec un jour de repos (minimum légal en Europe) ça correspond quand même à… près de 10 heures par jour, sans compter le temps de transport, soit des journées de plus de 12h. Ce n’est pas raisonnable.

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