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Certaines personnes estiment qu’être développeur n’est qu’une étape transitoire, avant de devenir chef de projet, ou chef tout court. Sauf que bon, il existe toujours des « imbéciles« , dont je fais partie, qui ne voudront faire que ça ! On va voir pourquoi.

Etre un bon chef, c’est dur

En fait être un bon chef c’est dur, très dur. Il faut savoir diriger une équipe, mais également la protéger du monde extérieur. Le souci est qu’un chef qui protège son équipe sera mal vu de ses supérieurs, car il aura l’air d’échouer personnellement en cas de problème. Or il est bien connu que les entreprises ne sont constituées que de winners, jamais de loosers, et si vous avez échoué quelque part vous êtes un looser.

Bref si vous voulez évoluer vers un plus haut poste de chef, une bonne stratégie consiste tout simplement… à clouer vos développeurs au pilori, quitte à en virer quelques uns pour montrer à vos supérieurs comment vous les tenez. Je rigole hélas à peine. Si vous ne le faites pas vous risquez de sauter dans bien des organisations.

Par ailleurs un bon chef doit passer le plus clair de son temps avec son équipe. Ce point est d’autant plus important si vous ne maîtrisez pas le domaine de vos équipes, afin d’être capable de les défendre face à vos supérieurs. Le métier de chef étant différent de celui de développeur on n’en attend pas les mêmes choses. En particulier un bon chef ne doit pas nécessairement être bon techniquement, mais être capable de comprendre et restituer ce que lui disent ses équipes, ainsi que d’aller chercher par lui-même des informations sur leur domaine d’activité. Or si vous passez du temps avec ceux que vous encadrez ,ainsi qu’à comprendre ce qu’ils font vous en passerez moins avec votre supérieur. Malheureusement pour vous, plus les chefs sont haut dans la hiérarchie plus ils aiment qu’on leur cire les pompes et qu’on passe du temps en réunion avec eux pour s’échanger des banalités. Car oui, 90% des réunions n’aboutissent sur rien et sont donc inutiles.

Bref, être un bon chef implique que vous preniez les coups de vos supérieurs, et probablement de monter en grade plus lentement que les mauvais. Eh oui, le principe de Peter s’applique à fond. Et donc vous expose davantage à mettre le doigt dans un engrenage où certes vous monterez… mais pour lequel il ne faudra pas avoir peur de vous regarder dans un miroir.

Un bon dév’ ne passera pas chef…

En fait, un développeur qui réussit ne passe pas chef mais… architecte. Les développeurs qui passent chefs sont souvent mauvais dans leur domaine d’origine, et on les fait monter pour qu’ils nuisent moins à l’organisation. Au contraire, les chefs auront tendance à laisser un bon dév à sa place car il sera compliqué à remplacer. En parallèle le mauvais dév promu aura probablement une augmentation, tandis qu’on expliquera au bon dév que c’est la « C.R.I.S.E » et que donc on ne peut rien lui offrir. Oui, c’est beau le monde de l’entreprise, enfin du moins en France !

Et puis bon c’est triste à dire mais la reconnaissance et les promotions ne se font jamais vraiment sur la qualité du travail rendu… mais généralement sur le cirage de pompes. Or bien souvent les gens compétents dans leur domaine n’aiment pas trop ça. Après tout ça, on s’étonne que nombre d’organisations marchent sur la tête et finissent par s’effondrer d’elles-mêmes… ou fonctionnent uniquement par coïncidence.

… d’un autre côté un chef fait peu de technique…

Dans de nombreuses organisations un chef côtoie en fait peu son équipe, puisqu’il passe l’essentiel de son temps avec ses supérieurs à discuter du beau temps et répéter à l’envi que dans l’entreprise on est des winners. Bref pendant ce temps il ne va pas coder, puisqu’il passera son temps à s’autocongratuler avec les autres chefs. D’autre part ces réunions finissent souvent très tard, bref au lieu de passer du temps avec votre famille vous le passez avec votre supérieur. Le rêve non ?

Dès lors si vous aimez coder, ou le système, ou passer du temps autre part que sur Powerpoint, vaut mieux éviter de passer chef…

Le piège de la promotion


Dans certaines organisations, on vous propulsera également chef uniquement car on cherche à vous coller davantage de responsabilités… sans augmentation de salaire, sans que vous puissiez gérer vos budgets et vos recrutements. Bref vous avez un titre qui sert de prétexte à ce qu’on vous file bien plus de travail pour le même prix, et surtout vous passez comme ça bouc émissaire. Bref on vous a pris pour un pigeon. Autant dire qu’il faut réfléchir à deux fois avant d’accepter la promotion.
Vous pouvez également lire notre article sur le métier de chef de projet technique.

… bon dév != bon chef

Comme dit plus haut, être un chef requiert avant tout de savoir gérer une équipe mais également la défendre vis-à-vis des autres. Au contraire être développeur requiert de comprendre le code, de déboguer, d’avoir de la culture informatique. Les deux métiers n’ont dans les faits strictement rien à voir, et rien ne garantit que le fait d’être bon dans l’un vous rendra bon dans l’autre.

Et comme la formation coûte trop cher aux entreprises, ces dernières refusant d’investir dans leurs salariés, le développeur passé chef n’a aucune formation. J’ai déjà connu le cas d’un gars passé chef qui au début se comportait vraiment mal avec son équipe, en jouant de l’intimidation, et a changé du tout au tout une fois qu’il a reçu une formation. Mais ce dernier cas est extrêmement rare.

Ca explique aussi pourquoi peu de chefs sont vraiment compétents, et le cas le plus fréquent est un mauvais dév qui devient aussi mauvais chef… et qui est promu par ses supérieurs qui sont aussi mauvais que lui.

En bref…

Contrairement à ce qu’on peut lire, le dév n’est absolument pas un passage obligé pour devenir chef. C’est une conception bien française de l’entreprise qui n’a aucune valeur dans le monde anglo-saxon. En fait les deux correspondent à des vocations et des parcours différents : tandis que le dév’ passera plus de temps sur son code et restera avant tout dans la technique, le chef restera dans le management.

Perso entre les deux je préfère le code et trafiquer mon ordi plutôt que de glandouiller en réunion jusqu’à pas d’heure. Et vous ?

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Julien
Moi c’est Julien, ingénieur en informatique avec quelques années d’expérience. Je suis tombé dans la marmite étant petit, mon père avait acheté un Apple – avant même ma naissance (oui ça date !). Et maintenant je me passionne essentiellement pour tout ce qui est du monde Java et du système, les OS open source en particulier.

Au quotidien, je suis devops, bref je fais du dév, je discute avec les opérationnels, et je fais du conseil auprès des clients.

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Rejoignez la discussion 4 Commentaires

  • Xavier Nayrac dit :

    D’où vient cette idée qu’un développeur veut devenir chef de projet ? C’est un cliché, rien de plus. Et oui je sais que chaque cliché possède un fond de vérité. J’ai plus de 40 ans et je suis toujours développeur : j’ai vécu au moins une fois la plupart des situations décrites dans cet article. Mais de là à laisser croire que c’est la norme, non. Du coup je me sens désolé pour l’auteur, c’est triste de n’avoir vécu que des expériences comme ça.

  • Julien Porec dit :

    Je plussoie le commentaire de Xavier et rajoute un peu plus.

    Un complexe refoulé contre les chefs de projet(s) ? Parce qu’en lisant l’article on a l’impression que le développeur pourri devient chef de projet (avec un meilleur salaire) et que ce dernier ne sert à rien. D’expérience sur plusieurs projets la réussite de ce dernier est plus dépendante d’un bon chef que d’un bon développeur.

    Des développeurs il y en a la pelle, des nuls / moyens / bons. De VRAI chefs de projet(s) c’est déjà plus rare et beaucoup plus difficile à remplacer (bon, j’avoue que le nombre de jeunes postulants fraîchement sortie d’école explose).

    Donc entre le fait que je ne connais quasi aucun dév qui souhaite devenir chef de projet(s) et cette idée de croire que le dév est forcément meilleur et plus utile on ressent un énorme sentiment de frustration ou alors une grande malchance sur les expériences.

    PS : je ne suis pas chef de projet(s).

  • gojul dit :

    Bonjour,

    Contrairement à ce qui a pu être dit je n’ai pas écrit cet article contre les chefs de projet, même si ça n’apparaît pas clair pour tous. Par contre il faut reconnaître qu’il y a probablement autant de définitions du métier de chef de projet que d’entreprises. Certains encadrent, d’autres se contentent de faire un peu de suivi sur des tableurs Excel et j’en passe.

    J’ai aussi connu de bons chefs de projet (et j’ai moi-même été cdp, j’espère avoir été bon sur le sujet mais ce n’est pas à moi de le dire) et tout ce que je peux dire est que ceux qui protégeaient leur équipe se faisaient systématiquement démonter par la hiérarchie. C’est d’ailleurs pareil pour les DSI, j’en ai connu qui ont été viré pour cette raison.

    Bref à moins d’être au top management si on veut survivre dans le métier de « chef » il faut être surtout passe-plat et certainement pas corporate. C’est triste mais c’est hélas comme ça. Et ça commence dès au niveau du chef de projet. Bref le choix est entre bien faire son boulot et survivre, c’est triste mais c’est bien souvent la réalité. Il y a un livre, « La médiocratie », d’Alain Deneault qui porte sur le sujet et que je m’apprête à lire.

  • Franck dit :

    Effectivement, il fut une époque où il était difficile pour un développeur d’évoluer, en termes de rémunération et de responsabilités, en restant dev. Aujourd’hui, les profils techniques sont hyper recherchés et plutôt bien rémunérés. On peut devenir lead, architecte, devOps, CTO…

    Quant au chef de projet, c’est l’expérience (les succès et surtout les échecs) qui compte le plus. Et sa position et ses fonctions sont de plus en plus claires et précises, notamment dans les méthodes agiles.

    Donc désolé, mais je ne comprends pas très bien le propos de cet article plein d’idées reçues et qui laisse transparaître une certaine frustration.

    J’en retiens peut-être une chose que je savais déjà mais qui est importante à savoir : Dev et chef de projet sont 2 métiers bien différents qui demandent des compétences et des qualités différentes.

    Mais les 2 rôles sont nécessaires et doivent être complémentaires. Et, d’expérience, je pense que la réussite d’un projet ne tient pas tant aux compétences des personnes qu’à leur capacité à vivre ensemble et à bien communiquer.

    Donc, inutile de les opposer.

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