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En tant que managers vous avez sûrement eu à faire à des membres de votre équipe qui étaient vraiment meilleurs que tous leurs collègues. Je ne parle pas de la personne un peu meilleure, mais de la personne capable à elle seule de travailler comme dix autres. Souvent ce sont ces individus qui sont les premiers à partir de votre équipe, en apparence au moindre couac. Vous pourriez penser que ce ne sont là que des mercenaires, et certains le sont peut-être devenus par la force des choses. Mais vous vous trompez lourdement. Explications.

Un problème de pression

Quand une personne sort vraiment du lot en terme de compétences, il est naturel pour un manager de s’appuyer sur elle. Ainsi vous solliciterez votre poule aux oeufs d’or dès lors qu’il y aura la moindre urgence, pour jouer les pompiers. Dès lors au moindre plantage en prod ce sera systématiquement elle qui se retrouvera à rester tard le soir pour tout remettre en marche, et ce sera à elle à qui vous ferez appel pour finir en catastrophe des développements afin de tenir les deadlines. Malheureusement pour vous, la personne se rendra vite compte que vous ne demandez rien de tout ça aux autres et à force se sentira punie pour cette raison, surtout si elle se retrouve à systématiquement réparer les erreurs des autres. Pire, dans certains cas ses collègues verront le manège et pourront adopter un comportement du type : on s’en fout en cas de problème c’est lui qui prendra, et c’est hélas souvent ce qui arrive, et votre poule aux oeufs d’or se fait eng… pour les autres.

Par ailleurs il peut être tentant pour un manager de dire à sa poule aux oeufs d’or de superviser quelques collaborateurs, sans toutefois que ces derniers soient trop mis au courant. Dès lors la personne se trouve prise entre deux feux, à savoir que vous aller lui demander des comptes sur le travail de ces collaborateurs, tandis que ces derniers se demanderont pourquoi la personne leur demande des comptes et pourront aller se plaindre à vous. Bref vous la mettez dans une situation impossible.

Il va de soi qu’à ce rythme la personne ne tiendra pas plus de deux ans, car d’un point de vue psychologique vous la mettez tout simplement dans une situation impossible.

Un pompier

Un problème de reconnaissance

Tout le monde sait qu’en entreprise la principale reconnaissance est financière… Or si vous avez une personne qui produit à elle seule 90% de la valeur ajoutée d’une équipe il serait normal qu’elle touche aussi 90% de la masse salariale de l’équipe. Après tout c’est souvent comme ça que les choses fonctionnent dans un service commercial, pas vrai ?

Sauf qu’en général les personnes qui sont dans le cas sus-cité ne sont pas beaucoup mieux payées que le reste de l’équipe, dans le meilleur des cas 5 à 10%, voire dans certains cas ce ne sont même pas elles qui sont les mieux payées. Autrement dit elles prennent en charge tout le travail mais ne récoltent en aucun cas le fruit de ce qu’elles produisent. Bref elles finissent par considérer qu’elles se font pigeonner…

Certaines viendront s’en plaindre, mais souvent un discours du type : tu comprends, on ne peut pas doubler ou tripler ton salaire, vis-à-vis des autres ce serait gênant. Traduction : quand il s’agit de lui demander de faire le boulot du reste de l’équipe, ce n’est pas gênant, par contre quand il s’agit de la récompenser ça le devient. Cherchez l’erreur !

Un pigeon

Les personnes devenues mercenaires

Les personnes qui sont dans le cas sus-cité se feront souvent avoir plusieurs fois de suite, dans différentes entreprises. Alors quand elles lâcheront leur démission on leur chantera Ne me quitte pas, ce qui pourra convaincre quelques unes de rester… un temps. Mais à force de se faire abuser elles partiront, et peuvent éventuellement être tentées de vous laisser un « cadeau de départ » si vous les avez vraiment abusées.

Au bout d’un moment, ces gens finiront par tenir un raisonnement du type puisque de toute façon dans tous les cas je me prends 90% du boulot de l’équipe autant que je fasse payer ça le plus cher possible et deviendront d’authentiques mercenaires prêts à vous lâcher au moindre problème. L’expérience risque de leur donner souvent raison, à moins qu’elles tombent sur un chef vraiment bon. C’est ce qui explique que de nombreuses personnes dans ce cas se mettent à leur compte ou restent dans des SSII, mais pas n’importe lesquelles… 😉

Ce chef verra vite la situation, et s’appuiera certes beaucoup sur la personne mais fera aussi en sorte de la protéger et la préserver. D’autre part pour la garder elle n’hésitera pas à la corrompre, quitte à lui doubler ou lui tripler son salaire. Dans toute ma carrière j’ai croisé un chef capable de faire ce genre de chose, malheureusement sa hiérarchie ne le suivait pas et a préféré s’en séparer, pour ne pas faire de vagues. Comme d’habitude la paix sociale (et le lèche-bottes) prime sur la compétence et la qualité du travail rendu ! Et pourtant seul un chef intelligent et compétent peut stabiliser dans le temps une poule aux oeufs d’or.

Quoi qu’il en soit sachez qu’il y a deux types de mercenaires : ceux qui le sont parce que c’est leur naturel, et ceux qui le sont devenus pour se protéger. Les meilleurs éléments d’une équipe appartiennent souvent à la deuxième catégorie. Et pour illustrer le cas d’un ami, celui-ci en était à souhaiter gagner moins mais qu’en échange on lui fiche la paix et qu’il ne soit pas dans une situation comme ci-dessus, ce à quoi je lui ai répondu que les entreprises n’hésiteraient pas à lui donner une paie moindre, mais qu’il pouvait s’asseoir sur la tranquillité…

Un mercenaire, peint par Léonard de Vinci

En bref

Souvent les meilleurs éléments de votre équipe sont les premiers à partir, tout simplement parce que vous ne les avez pas managés correctement. Respectez-les, ne les mettez pas en position impossible, ayez de la reconnaissance pour eux y compris sur le plan financier et ce seront vos meilleurs alliés. Comme dit Richard Brandson protégez vos salariés et ils protègeront votre entreprise. C’est plus que jamais vrai avec vos meilleurs éléments.

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Julien
Moi c’est Julien, ingénieur en informatique avec quelques années d’expérience. Je suis tombé dans la marmite étant petit, mon père avait acheté un Apple – avant même ma naissance (oui ça date !). Et maintenant je me passionne essentiellement pour tout ce qui est du monde Java et du système, les OS open source en particulier.

Au quotidien, je suis devops, bref je fais du dév, je discute avec les opérationnels, et je fais du conseil auprès des clients.

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Rejoignez la discussion 3 Commentaires

  • Hugo dit :

    Julien,

    La paix sociale *est* plus importante que les compétences ! Une équipe où un membre a le même rôle que les autres mais est payé 2 ou 3 fois plus est une équipe dysfonctionnelle, qu’elles que soient les compétences de chacun. C’est simplement humain.

    Par ailleurs, avoir des différences de rémunération pour un même rôle et un même niveau d’expérience est une porte ouverte à tous les abus ! Qui décide du mérite de chacun ? Comment mesure-t-on les compétences ? La méritocratie est une utopie dont l’implémentation aboutit à des discriminations (comme celle qui est appliqué au genre par exemple).

    Enfin, on sait que le salaire, après un certain niveau, n’est pas source de motivation. Un salarié a autant besoin de reconnaissance de la part de sa hiérarchie que de la part de son équipe. Dans la situation que tu décris j’ai l’impression qu’il n’y a ni l’un ni l’autre, et avec une augmentation il n’y aurait que le premier.

    Si un membre d’équipe est plus à l’aise dans son domaine, alors on peut lui donner un rôle de leader par l’exemple, de formateur, de coach, pour que ses connaissances soient transférées. Le niveau de l’équipe monte pendant que leader parfaire sa communication et sa pédagogie. Ainsi tout le monde y gagne. Bien sûr cela implique que cette personne et ses compétences soient respectées par ses collaborateurs. Si ce n’est pas le cas il faut absolument la changer d’équipe, car il n’y plus rien à faire.

    « Couver » les employées comme j’ai l’impression que tu le décris, à mon avis amène à leur exclusion. Et si c’est ce qu’illes préfèrent, alors l’entreprise n’a pas besoin d’eux. L’état de l’art sur la performance des équipes tend à montrer qu’il vaut mieux une équipe « moyenne » qui communique bien, qu’une équipe « d’experts » qui communique mal.

    C’est ensemble que l’on travaille le mieux. 🙂

    • gojul dit :

      Le problème est que dans l’article on parle de quelqu’un qui a *formellement* le même rôle que les autres mais qui pourtant en fait cinq à dix fois plus à lui seul que les autres réunis sans pour autant être payé plus ni reconnu. Et crois-le ou non mais ça existe et j’ai vu le cas plusieurs fois.

      Alors oui la paix sociale est importante mais tu ne peux en avoir dans ce genre de cas, justement parce que tu as une personne qui se fait exploiter pendant que les autres. Mais je suis aussi convaincu que sans paix sociale tu ne peux avoir d’environnement de travail sain. 🙂 Par contre détruire la qualité d’un produit pour satisfaire la paix sociale comme on le voit trop souvent n’est pas une bonne option, par exemple en ne faisant pas de tests automatisés « parce que ça embête les gens »…

  • Annabell dit :

    I think this is an informative post and it is very useful and knowledgeable. I really enjoyed reading this post rolling sky

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